Investir avec un plan et de la jugeote
En l’absence d’un plan concret à long terme, nombreux sont celles et ceux qui font des erreurs de calcul en investissant leur argent au hasard dans toutes sortes de placements. Mais ces faux pas peuvent être évités. Nous vous montrons ce qui définira votre stratégie de placement, ce à quoi vous devez faire attention et quels sont les types de stratégie qui s’offrent à vous.
La stratégie de placement, c’est le plan selon lequel vous investissez votre argent. Ce plan conceptualise votre façon de placer de l’argent. Il tient compte de votre propre propension au risque et de vos intérêts particuliers. Pour cela, vous devez savoir quels objectifs d’investissement vous poursuivez, sur quelle durée et – très important – quels risques êtes prête à prendre.
De manière générale, quand on investit en étant jeune, on peut accepter des risques plus importants que lorsqu’on est sur le point de partir à la retraite. La raison en est que l’horizon de placement est nettement plus long pour une jeune investisseuse, et que les éventuels mouvements baissiers peuvent être plus facilement compensés que sur une période plus courte.
Déterminer l’objectif de placement
- La constitution d’un patrimoine. C’est même l’objectif de placement le plus fréquent. Les personnes qui placent de l’argent avec cet objectif le font pour améliorer leur situation financière. Que vous commenciez avec de petites sommes ou que vous disposiez déjà de bonnes réserves financières, l’optimisation du patrimoine consiste toujours à obtenir un bon rendement. Selon l’horizon de placement et la propension au risque, un même objectif de placement donne des résultats différents.
- Nouvelle acquisition: vous prévoyez un achat coûteux. Votre objectif doit alors être de sécuriser le patrimoine existant et de le faire croître modérément. Il faut en outre tenir compte de l’horizon de placement, généralement plutôt court. Votre investissement devrait donc pouvoir être rapidement converti en argent liquide. Toutefois, un investissement à court terme et à faible risque entraîne généralement un faible rendement, voire aucun.
- La prévoyance vieillesse est un autre objectif de placement répandu. Pour pouvoir préparer sa vie après la retraite, il faut commencer à investir le plus tôt possible. Il s’agit moins de liquidités à court terme et d’un rendement élevé avec des placements risqués que d’investissements à long terme qui vous permettent également de profiter de l’effet des intérêts composés.
- La garantie des besoins vitaux à long terme est un objectif de placement qui suppose que le patrimoine produise déjà des intérêts et des revenus pour financer les besoins vitaux. Si seuls les revenus peuvent être utilisés pour subvenir aux besoins, il est recommandé de répartir l’investissement entre différentes classes d’actifs présentant des risques différents.
Les objectifs de placement doivent être concrets et mesurables, et être consignés par écrit. Il s’agit essentiellement de la période et du résultat visé par l’investissement. Bien sûr, les objectifs peuvent changer, comme la vie. C’est pourquoi il est judicieux de faire le point sur vos placements financiers une fois par an. Mais il ne faut pas vous laisser distraire de vos objectifs existants par un événement récent ou un coup de tête.
Profil de placement
La manière dont vous placez votre argent dépend de votre situation personnelle et de vos attentes. La capacité de risque et la propension au risque constituent ensemble le profil de placement.
- Capacité de risque: elle exprime les risques financiers que vous pouvez assumer. Une personne qui est en mesure de supporter des pertes et des fluctuations de valeur sur son placement financier sans se retrouver immédiatement en difficulté financière a objectivement une capacité de risque élevée. En revanche, une personne qui prévoit un investissement important et souhaite y consacrer une partie de son patrimoine a une capacité de risque faible. Pour déterminer la capacité de risque, on ne tient pas seulement compte de critères financiers tels que l’épargne, les engagements, l’horizon de placement, les revenus et le patrimoine, on tient aussi compte de la situation personnelle. Une personne célibataire qui gagne bien sa vie et qui n’a pas d’obligations familiales a une capacité de risque nettement plus importante qu’un couple du même âge avec un enfant.
- Propension au risque: elle désigne l’aspect subjectif du profil de placement. La propension au risque personnelle détermine dans quelle mesure vous êtes prête, en tant qu’investisseuse, à accepter des fluctuations de cours et des pertes. En fait, vous n’avez qu’à répondre à cette question: quelles pertes suis-je prête à supporter? Quand on ne veut pas risquer de pertes, on a une faible propension au risque – même si la situation patrimoniale et les revenus indiquent une capacité de risque élevée.
Le profil de placement résulte de la capacité de risque et de la propension au risque. Par exemple, l’association d’une faible capacité de risque et d’une forte propension au risque entraîne un profil de placement plus prudent. Il en va de même pour la combinaison d’une faible propension au risque et d’une capacité de risque élevée.
Classes d’actifs
Vous avez gagné en clarté sur les objectifs que vous poursuivez avec un investissement et sur le degré de risque que cela implique. Maintenant, vous devez vous faire une idée des possibilités de placement. La répartition en classes d’actifs (en anglais: assets) permet d’y voir plus clair dans la diversité souvent déroutante des offres sur le marché financier. En tant qu’investisseuse, vous pouvez opter pour une ou plusieurs de ces classes. Il est important que vous diversifiez, c’est-à-dire que vous investissiez autant que possible dans différentes classes d’actifs, différents secteurs et zones géographiques. Vous réduirez ainsi les risques: si un domaine subit une perte de valeur, un autre peut compenser cette perte.
- 💰 Instruments du marché monétaire: ce que l’on appelle le marché monétaire est le groupe des placements «liquides». Les produits classiques sont les comptes d’épargne, comptes à terme, les comptes à échéance fixe et les comptes de préavis. Les dépôts à terme ont une durée fixe, les comptes de préavis sont illimités. Ce que vous investissez ici est rapidement disponible et présente le moins de risques. Cependant, cela n’augmente pas beaucoup votre fortune. Mais vous devriez toujours placer une partie de votre patrimoine dans cette classe, afin de pouvoir disposer rapidement de liquidités en cas d’imprévu, et si possible sans perte.
- 📈 Titres: ici, vous évoluez sur le marché des capitaux, où vous pouvez vous attendre à des rendements plus élevés à long terme. Les principaux produits de cette classe d’actifs sont les actions (parts dans des sociétés anonymes), les obligations ou les emprunts (crédits accordés aux entreprises et aux États), les fonds (panier de différents titres ou classes d’actifs dans lequel de nombreux investisseur·euses effectuent des versements; avantage: diversification du risque) et les Exchange Traded Funds ou ETF en abrégé.
- 🏘️ Immobilier: vous pouvez en principe investir dans l’immobilier de deux manières: directement, en achetant un bien immobilier, ou indirectement, en investissant dans un fonds immobilier. Dans la variante indirecte, vous investissez votre argent dans des titres qui se concentrent sur l’immobilier.
- 🛢️ Matières premières: cette classe d’actifs comprend les substances naturelles qui sont principalement utilisées pour la transformation industrielle. Il s’agit notamment du pétrole brut et d’autres sources d’énergie fossiles, de métaux précieux comme l’or et le platine, de métaux industriels comme le cuivre et le fer, ainsi que de produits agricoles comme le blé, le café et les oranges.
- Placements alternatifs: les options de placement regroupées dans cette classe s’adressent majoritairement aux investisseuses et investisseurs professionnels qui attendent des rendements élevés. Ces attentes de rendement s’accompagnent également de risques élevés. Les placements alternatifs comprennent notamment le private equity (investissement direct dans des entreprises qui ne sont pas cotées en bourse et qui présentent un potentiel de croissance), les hedge funds (placements généralement risqués avec des éléments spéculatifs) et les objets de collection (comme les œuvres d’art, les voitures anciennes ou les grands vins). Les matières premières et les biens immobiliers sont aussi parfois considérés comme des placements alternatifs. En tant que profane, mieux vaut vous abstenir de toucher à cette classe d’actifs.
💡 Pour en savoir plus sur l’investissement, ce à quoi il faut veiller et les avantages et inconvénients des différentes classes d’actifs, consultez notre article de blog «Investir de l’argent pour les novices: comment bien commencer».
Les stratégies de placement pour les investisseuses et investisseurs privé·es varient fortement en fonction du risque qu’elles comportent. Une stratégie conservatrice ou passive se concentre sur des classes d’actifs sûres et accepte donc des gains plus faibles. En revanche, une stratégie de placement active ou plus agressive vise à obtenir un rendement aussi élevé que possible. Une telle stratégie comporte toutefois des risques de perte nettement plus élevés.
Maintenant, vous vous demandez quelles sont donc les stratégies de placement.
Nous vous présentons ci-dessous quelques-unes des approches les plus répandues en termes de stratégie de placement.
Stratégies de placement pour les différents budgets de risque
Lorsque différents investisseur·euses versent leur argent dans un pot commun, nous parlons d’un fonds de placement. Lorsqu’un fonds investit dans plus d’un type de titres, p. ex. dans des obligations, des placements alternatifs et des liquidités ou dans des actions et des obligations, cela donne un fonds de diversification des actifs, aussi appelé fonds stratégique. On distingue généralement cinq types de fonds qui se différencient essentiellement par l’importance de la part d’actions: de moins de 10 pour cent à près de 100 pour cent. Le principal avantage de cette stratégie est qu’avec un seul produit, votre investissement est déjà bien diversifié. Les fonds stratégiques conviennent bien aux personnes débutantes.
Dans cette variante, le placement financier suit un indice dans sa composition. Il s’agit dans la plupart des cas d’un indice des actions comme le Swiss Market Index ou le Dow Jones, plus rarement d’indices de matières premières ou de secteurs. Les fonds dits indiciels (ETF) vous procurent assez facilement un accès au marché avec une très large diversification. La stratégie indicielle convient également aux personnes débutantes.
Acheter et conserver est un classique parmi les stratégies de placement, sur lequel mise le célèbre investisseur Warren Buffet. La stratégie «buy and hold» repose sur l’expérience selon laquelle les fluctuations de cours se compensent pratiquement toujours sur le long terme. Miser sur cette stratégie consiste à acheter des titres – en général des actions individuelles – à ne plus y toucher pendant le plus longtemps possible, et à garder son sang-froid même en cas de turbulences quotidiennes. Un horizon de placement d’au moins six ans est obligatoire, mais 10 ou 15 ans sont préférables. La stratégie buy and hold convient aussi bien aux personnes débutantes qu’à celles qui ont de l’expérience.
Dans ce cas, c’est la taille des entreprises cotées en bourse qui compte le plus souvent. La valeur de marché, le chiffre d’affaires et le bénéfice sont, entre autres, des indicateurs importants à cet égard. Derrière cette stratégie se cache l’attente que de tels titres n’enregistrent que de faibles fluctuations de cours. L’idée est qu’une entreprise de grande taille a également une certaine stabilité et peut se remettre rapidement, même en cas de plongée brutale. La stratégie size mise sur la stabilité et un risque faible, et convient aux personnes débutantes.
Avec cette méthode aussi, vous suivez les traces de «l’oracle de la bourse» Warren Buffet. Pour ce faire, vous misez sur des placements qui sont au moment donné sous-évalués, mais qui ont un potentiel de plus-value. Ce potentiel d’augmentation de valeur doit être défini par une analyse précise de l’entreprise, de ses performances et de son environnement de marché. Pour cela, des connaissances approfondies de l’économie d’entreprise et du marché sont indispensables. La stratégie «value» est destinée aux professionnel·les.
Pour cette stratégie, il faut avoir du flair, être prête à prendre des risques et faire preuve d’une certaine dose d’idéalisme. En effet, vous investissez ici dans des domaines pour lesquels vous vous attendez à une forte croissance dans les années à venir. Il s’agit souvent de jeunes entreprises ou de start-up dans des domaines d’activité d’avenir comme les technologies environnementales ou l’intelligence artificielle. Cependant, vous prenez un risque considérable, car de nombreuses jeunes entreprises n’aboutissent pas. Si vous n’êtes pas dans la profession, nous vous déconseillons d’opter pour la stratégie growth.
Cette stratégie de placement consiste à nager à contre-courant. Le principe est simple: acheter des titres lorsque tout le monde vend et que les cours sont bas, les conserver jusqu’à ce que les cours remontent, puis les revendre. Dans la pratique, cette approche s’avère toutefois un peu plus compliquée. D’une part, il faut identifier les entreprises qui sont sous-évaluées en bourse, mais qui ont un potentiel de plus-value. Les valeurs centrales d’une entreprise doivent être meilleures que sa valeur de marché pour que l’investissement soit rentable. Mais les personnes qui misent sur la stratégie anticyclique doivent faire preuve de patience et choisir le bon moment. Et même si elles y parviennent, il n’y a aucune garantie que la valeur augmente et que leur investissement spéculatif en vaille la peine. La stratégie de placement anticyclique nécessite un engagement actif et s’adresse plutôt à des investisseuses et investisseurs avancés.
Le pendant de la stratégie anticyclique consiste à suivre le courant. La stratégie de placement procyclique, également appelée stratégie de momentum, mise sur les valeurs qui évoluent au moment donné à la hausse. Celles et ceux qui s’engagent dans cette stratégie profitent de l’élan d’une évolution de valeur. Dès que le cours redescend, les «procycliques» rusé·es se débarrassent à nouveau des titres. Mais là encore, il faut savoir choisir le bon moment pour vendre. C’est pourquoi, cette stratégie s’adresse plutôt aux investisseuses et investisseurs avancées.
Les professionnels ont encore de nombreuses autres stratégies dans leur palette d’offres, souvent avec des noms et calculs inventifs. Mais cela ne devrait pas vous déstabiliser. En effet, ces mêmes professionnels admettent qu’il existe toujours un facteur d’incertitude dans les placements financiers et que même les stratégies ne peuvent pas garantir le succès.
Plutôt que de chercher la meilleure stratégie de placement, il est préférable de choisir celle qui vous correspond et qui convient à votre situation personnelle et financière. Des réponses honnêtes aux questions que nous avons listées ci-dessous vous aideront à faire le bon choix.
Votre situation financière
- De combien d’argent disposez-vous pour vos placements?
- Combien pouvez-vous perdre?
- Pendant combien de temps pouvez-vous renoncer à quelle somme?
- Quels sont vos projets ou vos souhaits coûteux et qui sont en contradiction avec une stratégie de placement à long terme?
Votre savoir-faire et votre niveau de connaissances
- Voulez-vous gérer vous-même en permanence vos investissements?
- Ou voulez-vous simplement investir de l’argent et voir ce que ça donne?
- Ou encore confier la gestion de votre portefeuille à des experts?
- Avez-vous le temps et l’envie d’acquérir les connaissances techniques qui vous manquent?
Votre attitude et votre niveau de vie
- Dans quelle mesure vos investissements doivent-ils être sûrs et dans quelle mesure peuvent-ils être risqués?
- Quel est le risque maximal que vous pouvez prendre?
- Est-ce que vous supportez bien les déceptions et les pertes?
- Aimez-vous vous occuper des détails ou préférez-vous vous contenter d’une vue d’ensemble?
- Combien de temps souhaitez-vous consacrer à votre investissement?
- Est-ce que vous vous en tenez à une décision prise ou est-ce que vous avez du mal à assumer vos décisions?
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