Le calme avant la tempête?
- Une reprise modérée en Europe et une croissance toujours robuste aux États-Unis.
- Les taux d'inflation continuent de baisser, mais restent supérieurs aux objectifs des banques centrales aus États-Unis et dans la zone euro.
- La BNS et la BCE baissent les taux d'intérêt, tandis que les attentes de baisse des taux aux États-Unis sont de plus en plus repoussées dans le temps.
- La tendance de l'IA soutient les bourses, mais il faut s'attendre à une hausse de la volatilité à l'approche des élections présidentielles américaines.
- Il faut également s'attendre à une augmentation des spreads de crédit à moyen terme, en particulier pour les obligations d'entreprises en USD.
- L'immobilier profite du contexte de taux d'intérêt à nouveau bas.
- La décision des États-Unis et de l'UE d'augmenter les droits de douane sur les importations de produits chinois provoque des tensions croissantes dans les relations entre les grandes puissances. Le risque d'un conflit commercial généralisé existe.
- La situation géopolitique reste fragile. Une escalade au Proche-Orient pourrait affecter les chaînes d'approvisionnement à plus long terme. Cela représente un risque important pour l'évolution de l'inflation.
La situation économique reste très différente d'une région à l'autre. La croissance est nettement plus forte aux États-Unis qu'en Europe. Dans les deux régions, le chômage est à un niveau record ou proche de celui-ci et les revenus réels augmentent en raison du recul de l'inflation. Les taux d'intérêt élevés laissent toutefois des traces.
Aux États-Unis notamment, de plus en plus de ménages ont des difficultés à payer leurs factures de carte de crédit ou leurs crédits automobiles. Pour les cartes de crédit, le taux d'intérêt moyen a atteint un niveau record de plus de 20 %. En conséquence, les ventes au détail aux États-Unis ont évolué de manière modérée ces derniers mois. Nous nous attendons à ce que la conjoncture perde de son élan au cours du second semestre, mais nous ne nous attendons pas à une forte chute. Les hypothèques constituent la plus grande charge pour de nombreux ménages. Mais comme plus de 90% des ménages ont une hypothèque à taux fixe, le choc des taux d'intérêt n'a guère été ressenti jusqu'à présent.
L'économie suisse ne connaît qu'une croissance modérée. L'industrie, en particulier, souffre d'une stagnation. Sur le plan économique, la Suisse profite toutefois, du moins statistiquement, du championnat d'Europe de football et des prochains Jeux olympiques d'été à Paris. Comme l'UEFA et le CIO ont leur siège en Suisse, toutes les recettes de ces organisations seront créditées au produit intérieur brut suisse. Le SECO s'attend à une impulsion supplémentaire de 0,4 point de pourcentage sur la croissance. Cela signifie que la croissance du PIB devrait atteindre 1,5 % en 2024 grâce à ces événements sportifs.
La zone euro connaît une reprise modérée. Celle-ci a été portée jusqu'à présent par le secteur des services. La dynamique dans l'industrie a évolué positivement au cours de l'année. L'indice des directeurs d'achat de l'industrie se situe toutefois depuis près de deux ans en dessous du seuil de croissance de 50 et signale ainsi une contraction du secteur. Les perspectives restent modérées, car un nouveau ralentissement dans le secteur des services et un recul de la production industrielle ont déjà été enregistrés en juin.
Pendant près de quatre ans, les règles européennes en matière de dette ont été suspendues en raison de la pandémie et de la guerre en Ukraine. Désormais, elles sont de nouveau en vigueur et la question de la dette gagne en importance, comme récemment lors des élections en France. La situation est critique pour la Belgique, la France, la Hongrie et l'Italie. Ces pays ont des dettes et des déficits élevés. L'UE a engagé une procédure pour déficit excessif contre certains d'entre eux en juin. Dans les mois à venir, ces États devront donc présenter des plans clairs de réduction de la dette.
En Suisse, l'inflation se situe à nouveau dans la fourchette cible de la Banque nationale depuis environ un an. Même la hausse des loyers, prise en compte pour la première fois dans le calcul du renchérissement en mai, n'a pas fait augmenter l'inflation de manière significative. Parallèlement, le franc suisse s'est à nouveau nettement apprécié par rapport à l'euro en juin. Cela a donné à la Banque nationale suisse (BNS) la possibilité, le 20 juin, d'abaisser à nouveau les taux directeurs à 1,25 %. Les investisseurs s'attendent à une troisième baisse du taux directeur de la BNS, de sorte que le taux directeur devrait se situer à 1 % à la fin de l'année.
L'inflation est nettement plus tenace dans la zone euro et aux États-Unis. Dans les deux régions, elle est toujours supérieure à l'objectif de 2 % et devrait le rester à la fin de l'année. Toutefois, là aussi, un lent recul se dessine.
La Banque centrale européenne (BCE) a certes baissé pour la première fois ses taux directeurs en juin, mais elle a en même temps souligné que la lutte contre l'inflation n'était pas encore terminée. En outre, elle a même légèrement revu à la hausse ses prévisions d'inflation pour 2024. La BCE pourrait donc pour la première fois attendre un peu et observer l'évolution de l'inflation avant de baisser à nouveau les taux. Les investisseurs s'attendent actuellement à ce que la BCE procède encore à une ou deux baisses de taux d'ici la fin de l'année.
La banque centrale américaine (Fed) n'a pas encore osé baisser ses taux d'intérêt. La pression sur les prix est encore trop forte pour cela. La dernière réunion de la banque centrale a en outre montré que les membres du comité ne s'attendent en moyenne qu'à une baisse des taux cette année. En ce qui concerne l'évolution de l'inflation, les investisseurs sont actuellement un peu plus optimistes et prévoient jusqu'à deux baisses de taux. Le moment de la première baisse des taux est toutefois très controversé: alors qu'en début d'année, les investisseurs s'attendaient à une baisse des taux dès le mois de mars, la plupart d'entre eux tablent désormais sur septembre, voire novembre. Toutefois, chaque nouvelle donnée économique influence actuellement les attentes des investisseurs.
Des risques existent en ce qui concerne la baisse de l'inflation. D'une part, une aggravation de la situation au Proche-Orient pourrait entraîner une hausse des prix de l'énergie et une tension sur les chaînes d'approvisionnement. D'autre part, l'augmentation des droits de douane punitifs dans les échanges commerciaux entre la Chine et les États-Unis ainsi qu'entre l'UE et la Chine entraîne un renchérissement des biens.
Rétrospective: les spreads de crédit ont évolué presque exclusivement latéralement au cours des trois derniers mois, tant pour les obligations investment grade que pour les obligations d'entreprises sub-investment grade.
Lors des élections européennes, de nombreux partis politiques de centre-droit ont subi de lourdes défaites électorales. En France, cela a conduit le président Macron à dissoudre le Parlement, une décision qui a posé un nouveau défi au paysage politique européen. Cela se traduit d'une part par un net élargissement de l'écart de rendement entre les emprunts d'État français et allemands à 10 ans. Cet écart est passé à plus de 80 points de base en milieu d'année, soit le niveau le plus élevé depuis la crise de l'euro. Une hausse des spreads de crédit des obligations d'entreprises libellées en euros a également été observée, bien que nettement moins prononcée.
Les spreads de crédit des obligations libellées en CHF ont également augmenté au deuxième trimestre. Les émetteurs ont à nouveau dû payer une prime de ré-émission légèrement plus élevée lors des nouvelles émissions, ce qui a entraîné une réévaluation de la courbe secondaire de ces entreprises.
Bien que les élections présidentielles américaines n'aient lieu qu'en novembre, un premier duel télévisé entre le président Biden et son rival Trump a déjà eu lieu fin juin. Le marché du crédit américain n'en a pas été affecté. Les spreads de crédit pour les obligations d'entreprises en USD sont restés à un niveau très bas.
Perspectives: nous entamons le second semestre avec une incertitude accrue. Même après les élections en France, le poids de la dette dans certaines parties de l'Europe reste dans la ligne de mire des investisseurs.
Les élections américaines devraient également être source de volatilité, il n'est pas possible de dégager un favori clair à ce stade, même si le premier duel télévisé ne devrait pas avoir augmenté la probabilité de réélection du président Biden.
La multitude de baisses des taux d'intérêt par les banques centrales européenne et américaine que le marché attendait en début d'année n'a pas eu lieu. Les taux d'inflation baissent plus lentement que prévu en début d'année. Le niveau des taux d'intérêt devrait donc rester élevé dans les mois à venir. Cette situation est particulièrement douloureuse pour les émetteurs ayant des besoins de refinancement élevés et des flux de trésorerie disponibles faibles. Ils se voient confrontés à moyen terme à une charge d'intérêts nettement plus élevée, ce qui réduit encore leur capacité bénéficiaire. En raison des incertitudes mondiales ainsi que du niveau toujours élevé des taux d'intérêt, nous prévoyons une hausse modérée des spreads de crédit à moyen terme et privilégions les entreprises dont les marchés finaux sont moins cycliques et qui disposent d'un pouvoir de fixation des prix suffisant.
Rétrospective: le premier semestre a été réjouissant pour les investisseurs en actions. L'un des principaux moteurs a été la tendance à l'intelligence artificielle (IA). Ainsi, les "Magnificent 7" (Nvidia, Meta, Apple, Alphabet, Amazon, Netflix et Tesla) ont vu leur valeur augmenter de 37 %. Le fabricant américain de puces Nvidia a toutefois été le leader avec une performance de 150 % en six mois. L'entreprise a atteint une valorisation de marché de 3,35 milliards de dollars, ce qui en fait la société la plus précieuse au monde. L'indice américain élargi en a profité avec une performance semestrielle de 15,2 %. Sans les "Magnificent 7", l'augmentation de valeur n'a été que de 7,3 %.
Les marchés boursiers européens ont certes moins profité de l'évolution de l'IC, mais ils ont également progressé en début d'année grâce à l'amélioration de l'environnement conjoncturel. Vers la fin du trimestre, la dynamique de la zone euro s'est toutefois quelque peu essoufflée, en raison notamment de l'annonce de nouvelles élections en France. Au cours du premier semestre, l'EuroStoxx 50 a progressé d'environ 12 % et le SMI suisse de 11 %.
Perspectives: dans les mois à venir, la tendance de l'IA et les événements politiques devraient continuer à marquer l'environnement boursier.
De nombreuses entreprises d'IA ont réussi à convaincre les investisseurs avec leurs résultats d'entreprise pour le premier trimestre. Les attentes en matière de bénéfices restent toutefois élevées, ce qui présente un potentiel de déception. Les investisseurs devraient également devenir de plus en plus sélectifs et rechercher des entreprises capables de démontrer que leurs investissements dans la nouvelle technologie peuvent générer une valeur ajoutée claire ou des revenus plus élevés.
Alors que les élections ont provoqué des turbulences sur les marchés européens à la fin du premier semestre, les élections présidentielles américaines devraient influencer l'humeur des investisseurs au cours du second semestre. La question de savoir si un président démocrate ou républicain aura un meilleur impact sur la bourse reste ouverte. Enfin, une multitude d'autres facteurs tels que la politique monétaire, l'environnement conjoncturel ou les tendances structurelles agissent simultanément sur l'évolution du marché.
Toutefois, les années électorales, on observe une nette tendance à une plus grande volatilité du marché un à deux mois avant les élections, suivie d'une baisse rapide. Les investisseurs devraient donc s'attendre à des fluctuations de cours plus importantes de septembre à début novembre au cours de ces années.
Rétrospective: la dépréciation du franc suisse du premier trimestre s'est poursuivie jusqu'en mai. Fin mai, un retournement de tendance s'est amorcé. De fin mai à mi-juin, l'euro a perdu plus de 4 % par rapport au franc suisse. Le dollar américain a perdu un peu moins, mais là aussi, le renversement de tendance était clairement visible.
Avec la baisse des taux d'intérêt de la BNS le 21 juin, l'appréciation du franc suisse a provisoirement pris fin. A la fin du semestre, un euro valait à nouveau 0,9628 franc, un dollar américain 0,8987 franc.
Perspectives: le glissement à droite lors des élections européennes et les élections qui ont suivi en France ont pesé sur l'euro au cours du semestre. Alors que nous nous attendons également à une plus grande volatilité sur les marchés boursiers américains à l'approche des élections, aucune tendance claire n'a été observée par le passé pour le dollar américain lors des années électorales.
Au contraire, la politique monétaire ou le différentiel de taux d'intérêt devrait continuer à marquer l'évolution de la monnaie dans les mois à venir.
Rétrospective: après l'évaluation de la situation monétaire par la BNS le 20 juin 2024, l'indice SXI Real Estate Funds Broad Total Return a progressé de 1,3 % jusqu'au 26 juin 2024 et a clôturé à 484,82 points le 26 juin 2024. L'indice a clôturé le premier semestre avec une performance de 4,9 %. Il a donc baissé de 0,9 % au deuxième trimestre.
Les transactions sur le marché des capitaux ont repris de plus belle au cours du premier semestre 2024. Ainsi, des augmentations de capital ont été réalisées par certains fonds immobiliers et fondations de placement.
Selon l'enquête de Fahrländer Partner du 15 juin 2024, les taux d'escompte minimaux pour les immeubles collectifs en Suisse ont légèrement baissé à 2,03 % (2,06 % en mars 2024). Cela reflète le recul des taux d'intérêt à long terme ainsi que la baisse du taux directeur de la BNS mentionnée ci-dessus.
Le taux d'intérêt de référence de l'Office fédéral du logement reste à 1,75 %.
L'immigration a diminué à un niveau élevé. Au premier trimestre 2024, le solde migratoire s'élevait à environ 21 500 personnes selon le Secrétariat d'État aux migrations. Du côté de l'offre, il faut s'attendre à un nouveau recul du volume d'investissement dans les logements locatifs (prévision pour 2024: - 2,6 %). Par rapport à l'année précédente, les loyers proposés ont augmenté de 5,9 % en mai 2024.
Pour la première fois depuis fin 2022, les surfaces de bureaux disponibles dans un délai de trois mois ont de nouveau baissé, passant de 4,2 % (T4 2023) à 4,0 % (T1 2024). Cela s'explique principalement par une baisse de l'activité de construction.
Les prix de la construction ont baissé de 2,3 % au deuxième trimestre 2024 par rapport à l'année précédente.
Perspectives: du côté des revenus des immeubles, on peut continuer à s'attendre à une augmentation de la demande. Le déficit structurel de l'offre sur le marché du logement locatif va continuer à s'aggraver, ce qui entraînera une nouvelle hausse des loyers proposés.
Malgré la baisse du taux d'intérêt de la BNS, on peut s'attendre à ce que le taux d'intérêt de référence reste pour l'instant à 1,75 %, car les attentes des acteurs du marché en matière de taux d'intérêt à long terme sont restées stables.
Pour le marché des surfaces de bureaux et le marché des surfaces de vente, on part du principe que l'offre et la demande restent stables, avec des différences régionales.
La baisse des taux d'intérêt de la BNS devrait faire remonter l'attractivité relative de l'immobilier et des produits immobiliers.
En ce qui concerne les placements immobiliers indirects, plusieurs fonds et fondations de placement ont publié des augmentations de capital pour le troisième et le quatrième trimestre 2024.
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Melanie Rama
Head of Economic Research
melanie.rama@baloise.com
Dominik Schmidlin
Head of Quantitative Portfolio Management
dominik.schmidlin@baloise.com
Dominik Sacherer
Portfoliomanager Fixed Income
dominik.sacherer@baloise.com
Quatre fois par an, délai rédactionnel: 2 juillet 2024
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