Thomas Schneider: De manière générale, la Confédération évoque quatre scénarios: appel à économiser l’électricité, interdiction, contingentement et délestages cycliques. Pour l’instant, le Conseil fédéral se montre plutôt modéré. La situation n’est plus aussi dramatique. Néanmoins, nous considérons qu’il reste important de se préparer à toute éventualité. Nous devrions tous nous préparer à des réductions d’énergie et nous attendre aussi à des interdictions. Nous ne pouvons pas dire actuellement s’il y aura un contingentement ou des délestages cycliques. Ceux-ci dépendent d’une part des troubles politiques en Europe, d’autre part de la disponibilité en gaz et des températures réelles durant la seconde moitié de l’hiver; plus il fait froid, plus on chauffe. Les prix actuellement élevés de l’électricité compliquent aussi la situation. Ils dépendent eux aussi de la situation géopolitique. Cette instabilité a un impact direct sur le prix de l’électricité.
Flurin Buchholz-Baltermia: Pour une planification sûre, nous conseillons à toutes les PME de conclure leur contrat d’électricité suffisamment tôt, de préférence dès les deux premiers trimestres. Les PME peuvent ainsi éviter une incertitude extrême en fin d’année. Nous avons vu l’année dernière ce qui se passe lorsqu’on hésite trop longtemps. Comme les prix augmentaient de manière modérée, de nombreuses PME ont attendu et ont finalement eu une mauvaise surprise. Et cette année, beaucoup n’ont pas encore de contrat d’électricité, car il n’y a plus de disponibilité.
«Pour une planification sûre, nous conseillons à toutes les PME de conclure leur contrat d’électricité suffisamment tôt.»
Christian Nagler: Tout d’abord, nous avons regardé quels sont nos grands consommateurs d’énergie. Pour cela, nous avons consulté notre analyse énergétique de l’année 2019 qui nous a permis de conclure que ce sont le centre de données, la climatisation et la ventilation qui consomment le plus d’énergie. Sur cette base, nous avons ensuite établi des mesures pour différents scénarios. Par exemple, pour atteindre une économie de 10 à 15% d’électricité, nous serions menés à fermer des parties d’un bâtiment, voire tout un bâtiment. Nous avons bien sûr aussi pris des mesures immédiates. Nous avons par exemple adapté nos horaires de bureau. Depuis peu, les collaboratrices et collaborateurs ne peuvent se rendre au bureau qu’entre 6 heures et 19 heures. Et les bureaux restent fermés le week-end.
Christian Nagler: L’essentiel est de connaître sa consommation d’énergie et de savoir quels leviers actionner. En matière d’économie d’énergie, il ne faudrait pas devoir prendre des décisions ad hoc sans solides connaissances. Nous avons par exemple constaté que la consommation de nos appareils en mode veille était extrêmement faible grâce à notre nouvelle infrastructure. Agir là-dessus ne ferait donc pas une grande différence. Dans notre cas, nous pouvons avoir beaucoup plus d’impact en réduisant la ventilation ou en adaptant au mieux les heures d’ouverture du restaurant du personnel et l’utilisation des appareils techniques. De grandes économies d’énergie peuvent être réalisées si on évite de faire fonctionner le four à pizza à vide pendant des heures ou en renonçant de stocker du lait UHT dans le réfrigérateur. Un potentiel d’économie existe même pour les appareils modernes si on les allume et les éteint de manière optimale. Chaque PME peut tirer parti de ces mesures.
«L’essentiel est de connaître sa consommation d’énergie et de savoir quels leviers actionner.»
Flurin Buchholz-Baltermia: Dans un premier temps, il faut examiner la consommation d’énergie de son entreprise. Pour ce faire, chaque PME devrait remettre en question ses processus. Comment récupérer l’énergie utilisée à d’autres fins? Quand allumer un appareil? Et peut-on l’éteindre plus tôt? Il y a là un grand potentiel d’économies. Les durées de fonctionnement ou les débits peuvent être réduits sans qu’une PME n’ait à débourser de l’argent. Une boulangerie peut par exemple réfléchir à l’ordre dans lequel enfourner ses pains ou à des façons d’utiliser la chaleur résiduelle. En principe, il y a deux façons de passer au crible sa consommation d’énergie: avec ses propres connaissances ou avec l’aide de spécialistes. Quelle que soit la voie choisie, il faut faire preuve d’intérêt et de volonté. S’immerger en profondeur dans la thématique des économies d’énergie demande de s’engager et d’y consacrer suffisamment de temps. Cela ne va pas de soi et il faut en être conscient.
Flurin Buchholz-Baltermia: Tout d’abord, il convient de bien s’informer sur le sujet. La campagne de la Confédération est un bon début. Elle fournit de nombreux conseils. Ensuite, les PME devraient également s’informer auprès des associations de leur branche. HotellerieSuisse ou GastroSuisse, par exemple, ont rassemblé une riche documentation. Les PME trouveront également des exemples pratiques sur le site web d’IWB. Si des questions demeurent, les PME peuvent contacter l’Office de l’énergie ou leur fournisseur d’énergie local. Il n’existe malheureusement pas d’aide financière. De plus, la pénurie d’électricité n’est pas assurable. La Confédération subventionne toutefois le programme d’audit PEIK à hauteur de 50%. Une analyse des sources d’énergie coûte donc 2'500 francs au lieu de 5'000 francs. Grâce aux économies qui peuvent en résulter, les PME amortissent généralement ces coûts dès la première année. Vous trouverez d’autres mesures d’économie d’énergie dans le graphique (ci-dessous/ci-dessus).
«Dans l’ensemble, les PME économisent beaucoup d’argent lorsqu’elles se penchent sur la question des économies d’énergie.»
Thomas Schneider: Absolument. Les PME ont un grand potentiel d’économie lorsqu’elles se penchent sur la question des économies d’énergie. Elles peuvent apporter des améliorations à long terme et de manière durable. Vu comme ça, la crise devient une opportunité. Le fait que les PME puissent se préparer est également un point positif. L’important, c’est qu’elles le fassent maintenant et pour tous les scénarios. Ce n’est qu’ainsi qu’elles profiteront réellement des effets positifs.